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HOUDAIN

Sur la route de Lorette, Mont-Saint-Éloi et Vimy où les combats ont fait rage, Houdain est vite devenu incontournable durant la guerre 14-18. À la fois hôpital, ville de cantonnement et dépôt de munitions. Alors que la municipalité dévoile, ce lundi matin, les événements commémorant le centenaire de la Grande Guerre, retour sur cette terrible période.

 

 

Dès le 9 août 1914, Houdain accueille 200 réfugiés venus de Maubeuge. Au fur et à mesure des percées allemandes, ce flux sera quasi ininterrompu. Ces familles viennent d’Arras, Vimy, Loos ou Lens. Le temps de les évacuer, elles s’installent chez l’habitant ou dans des bâtiments mis à disposition.

Les états-majors, aussi, choisissent la ville comme point de chute, car « elle n’est qu’à 13 kilomètres du front » et ne sera jamais occupée par les Allemands. De plus, au début des hostilités, elle est hors de portée des tirs d’artillerie.

Très vite, le 12 octobre 1914, la Croix rouge installe un hôpital mobile dans le hall de la gare. Rien que les huit premiers jours, il « alimentera » pas moins de deux trains sanitaires. Quand cette équipe médicale quitte Houdain le 23 janvier1915, elle a soigné plus de 6 000 blessés, soit trois fois la population locale de l’époque. Stratégique, la gare sert également au ravitaillement militaire pour le front et alimentaire pour les blessés et les corps d’armées cantonnés ici.

L’hôpital parti, c’est ce qu’on appelle une « ambulance » qui arrive en juin. Elle prend ses quartiers à l’école qui porte aujourd’hui le nom de Blum. Pour faire face à l’afflux de blessés intransportables, un service particulier est développé : le service chirurgical. Il compte une centaine de lits. Le major Rovillois et son équipe se spécialisent dans les amputations, mais aussi dans l’ablation d’éléments fichés dans le crâne ou l’abdomen. Le chirurgien consigne : « certains blessés arrivent à l’état de boue sanglante. » Une partie sont admis six heures après avoir été blessés « or passé ce délai, le choc traumatique devient délicat. » Du 8 juin 1915 ou 18 mars 1916, les médecins opèrent 2 à 26 grands blessés par jour.

Dans le carré militaire d’Houdain, reposent 523 morts, parmi lesquels 80 % sont morts à l’hôpital ou dans l’ambulance d’Houdain qui les ramenait du front

Pendant ce temps, la population souffre également. Sur les 2000 habitants, plus de 200 ont été appelés sous les drapeaux et la moitié ne reviendra pas. Des restrictions alimentaires sont aussi mises en place.

 

Torpilles et obus

Quant aux menaces venues du ciel, elles se concrétisent en 1915. Les premiers obus atteignent la ville en novembre. Ils visent la gare, sans l’atteindre.

En 1917, la course à l’armement aidant, les torpilles font leur apparition. Fuyant les bombardements, une mère houdinoise se réfugie avec ses trois enfants et le grand-père à Bruay. Coup du sort, la famille y est tuée par une torpille.

Avril 1918, nouveaux bombardements. Une torpille tombe dans la cave de La Poste, mais n’explose pas. À l’étage, parmi la trentaine de personnes présentes, aucune ne sera blessée. En revanche, dans une pâture, douze Anglais sont tués et vingt blessés.

Le mois suivant, une maison est détruite sans qu’aucune victime ne soit à déplorer tandis que dans la ferme Hautecœur, un homme et une femme perdent la vie. Dans la brasserie Flahaut, un réfugié béthunois périt. Dernière victime civile, quelques jours avant l’armistice, le23 octobre, Ovide Decque est tué par un obus…

Si pour annoncer le cessez-le-feu, les cloches sonnent à grande volée quinze minutes durant, les habitants ne célébreront leur premier 11 novembre qu’en 1920. Avec, à l’esprit, les 22 civils et les 108 soldats houdinois disparus.

Ce sont toutes ces histoires qui font la grande dont la ville veut se souvenir aujourd’hui. Beaucoup d’acteurs locaux sont déjà dans le coup, des collégiens aux membres de l’atelier vidéo, en passant par ceux de généalogie. Avec le projet « Un nom, un visage, une histoire », ils espèrent collecter des documents, photos, correspondances et autres pour donner une âme à ce centenaire.

 

 

AGNÈS MERCIER

( La Voix du Nord )

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